Pour lancer le partenariat avec l’association des Internationaux du Rugby Français (IRF), le Rugby Club organisait son premier apéro Zoom de l’année le 13 janvier dernier. Une dizaine d’internationaux des années 70 ont raconté avec beaucoup de simplicité et de passion leurs meilleurs moments en bleu. Branchez Rugby était invité. On vous raconte et on partage un très, très bon moment.
« Nous sommes sincèrement heureux de vous accueillir » lançait Jean-Laurent Granier, Président du Rugby Club, à Jean Gachassin, Pierre Villepreux, Jo Maso, Michel Pebeyre, Roger Bourgarel, Gérard Cholley et François Sangalli, tous joueurs légendaires des années 70 réunis au sein de l’association des Internationaux du Rugby Français. Invités à ce premier apéro Zoom de l’année, ces anciens internationaux nous ont raconté avec beaucoup de simplicité leurs meilleurs souvenirs en bleu. Nous étions une centaine à les écouter, certes chacun chez soi mais tous ensembles quand même.
« Domiciliée dans les locaux du Rugby Club, l’association des Internationaux du Rugby Français dispose d’un nouveau lieu pour se réunir et échanger » déclarait Jean Gachassin, président de cette association qui rejoint donc l’association du Rugby Club. Ensuite, par la voix de Bruno Rambaud, vice-président du Rugby Club, un hommage fût ensuite rendu aux anciens joueurs disparus l’année dernière : André Quilis, Jean-Pierre Lux, Jean-Louis Azarete et Tito Ugartemendia. Et les souvenirs de leurs coéquipiers du Quinze de France auront été aussi un bel hommage.
Entre troisièmes mi-temps mémorables, victoires historiques, tournées d’un autre temps et anecdotes, c’est la belle époque du rugby amateur de très très haut niveau qui fût relatée aux membres et amis du Rugby Club.
Le Grand Chelem de 1968 et battre les Anglais, avec la manière, en 72
Pour Jean Gachassin, trente-deux sélections de 1961 à 1969, le meilleur souvenir en bleu fut le Grand Chelem de 1968 : « le premier de l‘équipe de France et l’amitié qui s’est créée entre les joueurs ». Un sentiment partagé par tous les joueurs présents et par les membres du rugby club.
Pour Jo Maso, vingt-cinq sélections de 1966 à 1973, ce fût la victoire (37-12) contre les Anglais lors du Tournoi de 1972, dernier match de l’équipe de France à Colombes : « c’est l’un des matchs les plus accomplis que j’ai joué avec l’équipe de France. Il y avait comme une musique avec des passes bien faites, dans le tempo, qui arrivaient bien devant pour pouvoir donner de la vitesse au jeu ». « C’était la vitesse par la passe et on ne comptait pas le nombre de passes dans ces matchs » ajouta Michel Peybere, ancien demi de mêlée international de cette époque.
Cette victoire contre les Anglais au stade de Colombes est aussi l’un des meilleurs souvenirs de Pierre Villepreux (34 sélections de 1967 à 1972) avec le Grand Chelem 68 et la tournée en Nouvelle-Zélande en 70 où « notre jeu à la main nous avait valu la reconnaissance de tout le monde » assura-t-il. Pour François Sangalli, 15 sélections en équipe de France de 1975 à 1977, c’est le deuxième Grand Chelem de l’équipe de France qui reste mémorable : « nous avons remporté le Grand Chelem lors du Tournoi des cinq nations 1977, sans encaisser aucun essai, ce qu’aucune équipe n’a jamais réussi à faire avant ou après. »
Chez les Springboks en 71 et petites histoires sur les fameuses 3ème mi-temps à Paris
La tournée de l’équipe de France en Afrique du Sud en 1971 reste le souvenir le plus fort de Roger Bourgarel qui totalise 9 sélections en bleu de 1969 à 1973. « Il a fallu que j’aille là-bas pour me rendre compte que j’étais noir » a-t-il déclaré lors de cet apéro Zoom. Sept points de suture à la tête puis un essai pour le premier joueur de couleur autorisé par le Gouvernement sud-africain à jouer contre les Springboks. « Cette tournée de 1971 en Afrique du Sud et mon premier match avec l’équipe de France contre l’équipe d’Angleterre en 1970 lors du Tournoi des cinq nations sont mes plus beaux souvenirs » pour Michel Pebeyre et ses sept matchs en bleu de 1970 à 1973.
Enfin, que serait le rugby sans bonnes bouffes et troisièmes mi-temps légendaires ? « Un soir, on s’est retrouvé près de l’Olympia qui était juste à coté de notre lieu de résidence au Grand Hôtel. On est rentré par la porte de service lors d’un concert de Marcel Amont et on est monté sur scène pour chanter avec lui » a rapporté Jo Maso. « Il faut imaginer la scène, ajoutait Michel Peybere, une dizaine de joueurs, dont certains chantaient faux, sur scène avec Marcel Amont à la fois surpris et ravi de ce moment ».
« On était quinze et trois remplaçants, on préparait les matchs longtemps à l’avance. On se retrouvait place de la République le mercredi pour déjeuner puis, le soir, on partait à Rueil-Malmaison mais on avait plus vraiment faim ni soif en arrivant… » confessa Gérard Cholley fort de ses 31 matchs en bleu entre 1975 et 1979.
Pour clôturer cette séquence nostalgie des années 70, rien de mieux que Gérard Cholley justement. Pilier du XV de France qui remporta le deuxième Grand Chelem de son histoire en 1977, Gérard Cholley est célèbre pour les deux bourre-pif mémorables qui mettront deux écossais KO. Pas sûr qu’aujourd’hui un tel « enthousiasme » lui permettrait de rester sur le terrain…
Leurs avis sur le rugby d’aujourd’hui
Interrogé par les membres du Rugby Club sur leur vision du rugby d’aujourd’hui, tous on reconnu les qualités actuelles du XV de France et son potentiel de joueurs. Cette ancienne génération trouve d’ailleurs beaucoup de similitude dans le jeu actuel du XV de France avec leur manière de jouer dans les années 70.
Pour Pierre Villepreux « le rugby d’avant demandait des joueurs intelligents capables de s’adapter aux situations crées par les uns et les autres. C’est le chemin pris par cette équipe de France avec une autre dimension physique et préparatoire par rapport à notre époque » a-t-il ajouté. Le soutien aux Bleus est total.
Comme on l’a écrit au début de cet article, il y avait beaucoup de simplicité, de modestie et de passion dans les propos de ces joueurs à l’occasion de cet événement du Rugby Club qui devrait être reconduit avec les bleus des années 80, 90 et 2000. Vivement les prochains.