Je vous ai fait découvrir mon activité il y a quelques temps dans BRANCHEZ RUGBY. Je me dévoile maintenant aussi à vous à travers mes racines, mon rôle aujourd’hui et même en repensant à Jerry Collins, qui nous a quittés trop tôt.
Aucun souci avec la « petite mort »
En 2016, j’ai eu la chance de ne pas mettre un terme à ma carrière rugbystique de façon brutale. En effet, à l’issue de ma carrière professionnelle, j’ai continué à jouer pour le club de Salanque Côte Radieuse en Fédérale 2, une entité qui regroupe les villages de Canet, Sainte-Marie et Torreilles. Cela a constitué un lien important pour accepter mon « sort ». Les entraînements, retrouver les coéquipiers, se sentir utile, boire un verre ou faire un petit poker après. Je me suis également lancé dans ma nouvelle activité professionnelle de traiteur avec Chief’s Events. Tout ça m’a permis de considérer en douceur mon après rugby.
Être resté en France ?
C’est pour mes sept enfants (de 7 à 19 ans, ndlr) que nous avons pris la décision de rester en France avec mon épouse. Ne nous mentons pas, en comparaison avec les Samoa, il y a davantage d’opportunités pour les études, le sport, le travail ou le système de santé dans l’Hexagone. Quand on y rajoute le charme de la France ou le climat de Perpignan, il n’y a que du bonheur. Quand je serai plus vieux, peut-être reviendrons-nous aux Samoa.
Tellement loin des Samoa
Quand je jouais, je revenais une fois par an chez moi. Et encore, quand le calendrier des saisons me le permettait. Mais maintenant que je suis retraité des terrains, acheter neuf billets d’avion, vous imaginez le prix ? Heureusement, les parents de ma femme et les miens viennent rendre visite à tous leurs enfants, dont mes sept frères qui jouent un peu partout en Europe.
Moi, un parrain ?
Quand je suis arrivé à Leicester en Angleterre il y a une quinzaine d’années, il n’y avait pas beaucoup de joueurs des Îles évoluant en Europe. Aujourd’hui, il y en a beaucoup. Et pas seulement en Top 14 et Pro D2.
C’est vrai que plusieurs fois depuis quelques saisons, nous nous sommes réunis non loin de chez moi, à Canet lors de grands banquets avec beaucoup d’Îliens qui évoluent en France. Ces journées nous permettent surtout de nous réunir, de partager. Si un Îlien a besoin d’aide, il peut venir à moi. On est là pour aider ou trouver des solutions.
Le syndicat des joueurs du Pacifique
Je fais partie de ce syndicat Pacific Rugby Welfare qui est une belle initiative de la part de Dan Leo (ancien troisième-ligne international samoan ayant joué à Bordeaux-Bègles ou Perpignan notamment). Que ce soit durant la carrière ou même après, cette association permet de proposer les bons choix à des joueurs qui sont parfois perdus, loin de chez eux, de leurs proches, de leurs coutumes. Ce sont aussi des hommes à qui on ne prodigue pas toujours les meilleurs conseils, qu’il s’agisse de certains clubs ou agents. On ne force personne à nous rejoindre mais en cas de besoin, le syndicat est là, bien entouré maintenant d’avocats, comptables et conseils. Et cela va des problèmes d’alcool à la gestion des paperasses administratives en passant par les contrats. Bien entendu, Provale, le syndicat des joueurs fait un travail remarquable en France et nous aide énormément. Mais notre entité répond aux spécificités des Îliens avec nos cultures et nos psychologies.
Mon regard sur l’Usap
Si je ne travaille pas un weekend pour mon entreprise de traiteur, je vais au stade Aimé-Giral voir mon ancien club. J’apprécie d’y voir ce bon groupe, sein, qui propose un rugby attrayant. Je n’oublie pas les Espoirs et l’école de rugby qui sont très performants à Perpignan. C’est un luxe pour le rugby catalan.
Jerry Collins, on ne t’oublie pas
Je veux garder en mémoire sa philosophie de vie. A savoir vivre chaque jour comme si c’était le dernier. Jerry était une personne heureuse. Nous sommes tristes qu’il ait disparu aussi jeune mais on a le sourire en se rappelant combien il était gai en toutes circonstances. On se voyait souvent avant sa disparition car il avait rejoint le club de Narbonne. Je peux vous dire qu’il donnait des leçons de joie de vivre à tous les gens qu’il croisait. La vie est trop courte pour ne pas en profiter. J’essaie de m’en inspirer.