Samedi soir, la finale de la Coupe du Monde de Rugby a tenu toutes ses promesses au Stade de France. Devant près de 80 000 spectateurs, les deux nations de l’hémisphère sud se sont affrontées dans un match très serré où l’Afrique du Sud a fini par avoir le dernier mot.
La défense des Boks impressionnante
Cette victoire sud-africaine apparaît comme une évidence, tant la maîtrise collective fut au rendez-vous. C’est en premier lieu grâce à une défense impressionnante de rigueur et de précision. Avec 209 plaquages effectués et un 80% de réussite dans l’exercice, l’Afrique du Sud est venue neutraliser tous les espoirs des All-Blacks. Pour comparer, la Nouvelle Zélande a effectué un total de 92 plaquages, soit deux fois moins que les Sud-AF.
Cette statistique de défense met très bien en évidence la différence de jeu des deux équipes. Ce tel écart peine à s’expliquer par la possession de balle, puisque les deux équipes terminent la rencontre à 60/40 à l’avantage des Blacks.
Les plaqueurs Sud-Africains ont écœuré les Blacks
D’un point de vue individuel, les plaqueurs sud-africains affichent des statistiques exceptionnelles. En témoigne les 28 plaquages de Pieter Du Toit, homme du match sur la pelouse du Stade de France samedi. Le troisième ligne a réalisé une performance de très haut niveau : il est d’ailleurs le seul avant à avoir joué les 80 minutes du match.
S’en suivent Dean Fourie (20 plaquages), Franco Mostert (16 plaquages) ou encore Faf De Klerk et Frans Malherbe (15 plaquages chacun). Le premier Néo-Zélandais dans l’exercice est Codie Taylor avec… 11 plaquages ! Il arrive en dixième position dans le classement des meilleurs plaqueurs du match.
Les All-Blacks ont tenté d’inverser la tendance
Dominé physiquement, les All-Blacks se sont trouvés en difficulté dans la confrontation et les duels physiques. Pour tenter de solutionner les problèmes posés, les hommes de Ian Foster ont déplacé le ballon. Ils ont joué un total de 149 ballons à la main (contre 85 pour l’Afrique du Sud) pour mettre en difficulté leur adversaire. La tactique fut intéressante puisque les Blacks ont battu 37 fois leur adversaire puis inscrit l’unique essai de la rencontre par l’intermédiaire de Beauden Barrett.
Mais cela n’a pas été suffisant. Par exemple, les All-Blacks n’ont effectué que 5 offloads dans tout le match ! Pour une équipe qui prône un jeu libéré et offensif, c’est trop peu pour mettre en difficulté la solide défense des Boks. La Nouvelle Zélande a tenté de multiplier les temps de jeu pour fatiguer leur adversaire, en vain !
Symbole de cette défaillance néo-zélandaise, Will Jordan a été invisible pendant 70 minutes. L’ailier All-Black, meilleur marqueur d’essai de la Coupe du Monde (8 essais), n’a pas réussi à peser dans le match le plus important de la compétition. Avec 3 fautes de mains et seulement 13 mètres parcourus avec le ballon, Will Jordan n’aura pas réussi à décrocher sa première coupe Webb Ellis.
Un arbitrage qui pose toujours des questions
Après de fortes polémiques en quart de finale puis demi-finale autour de Ben O’Keeffe, le corps arbitral était soumis à une forte pression pour cette finale. Wayne Barnes, qui arbitrait le dernier match de sa carrière, a été l’auteur d’un match sérieux et très bien géré. Le problème qu’il me semble important de soulever aujourd’hui est la conséquence des cartons rouges. Ils sont aujourd’hui de plus en plus nombreux, distribués avec plus ou moins de critères, mais en ne prenant jamais en compte (ou pas assez) celui du jeu à vitesse réelle. La conséquence de ces directives arbitrales sont fortes puisque pour la finale, les Blacks ont joué à 14 quasiment tout le match avec le premier carton jaune dont a écopé Frizell à la troisième minute. Le carton rouge est intervenu à 29ème minute à l’encontre de Sam Cane. La Nouvelle Zélande aura joué à 15 contre XV seulement 13 minutes en première mi-temps.
Comment pouvons-nous solutionner ce problème ?
Dans l’hémisphère sud, les instances du rugby ont testé un nouveau sysème : Le joueur expulsé ne revient pas sur le terrain mais il est remplacé numériquement au bout de 20 minutes en infériorité.
La solution proposée me semble très intéressante. Certains cartons rouges sont parfois très (trop) sévères, notamment lorsqu’on remet dans le contexte le paramètre du jeu à vitesse réelle. Pour aller plus loin dans la proposition des instances du Rugby, la solution est cohérente, mais pourquoi ne pas diminuer encore plus le temps en infériorité numérique ? De 20 minutes, pourquoi ne pas réduire à 10 minutes comme le carton jaune ? Ou couper la poire en deux avec une infériorité temporaire de 15 minutes ? Ce sera les prochains enjeux des instances du rugby pour les années à venir !
L’Afrique du Sud, comme en 2007, remporte donc la Coupe du Monde en France pour un 4ème titre dans son histoire après 1999, 2007 et 2019. Un record dans l’histoire du rugby en attendant la prochaine édition : Australie 2027.