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Thomas Lombard : « J’ai un rôle privilégié »

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Qui se cache derrière le consultant et commentateur rugby que vous suivez toutes les semaines à la télévision et à la radio ? Moi, Thomas Lombard. Enchanté…

 

Mes activités

J’ai quatre casquettes qui m’occupent beaucoup. Elles sont complémentaires, différentes et très enrichissantes d’un point de vue personnel car les métiers exercés sont différents. Je travaille aujourd’hui pour RMC, Canal +, en tant que manager pour les Barbarians français et j’interviens aussi en tant que consultant auprès des entreprises.

RMC et Canal

Les lignes éditoriales de RMC ou Canal sont différentes. La radio ou la télévision sont aussi deux exercices complètement différents. Je me rends à Boulogne dans les locaux de Canal deux à trois fois par semaine afin de préparer les matches et les émissions. On réfléchit aussi en amont aux informations que l’on va donner durant le weekend. Il y a aussi un gros travail de lecture car il faut être au courant de tout ce qui se passe. Je suis attentif à toute l’actualité rugby et je garde un œil sur le rugby anglais que j’ai côtoyé de près. RMC, j’y vais le weekend pour les Grandes gueules du sport et tous les lundis soirs pour l’émission Direct Rugby. Tout cela fait des semaines bien remplies.

Avec Bertrand Guillemin pour Canal + lors d’un Stade Français – Castres en 2014 / Photo : Fred Porcu – Icon Sport

 

Consultant en entreprise

Ayant vécu trois ans en Angleterre à Worcester, je parle couramment anglais. Surtout, j’ai de l’expérience sur l’approche de la performance ou les techniques de management qui sont parfaitement maîtrisées outre-Manche. Les opérations de transformations, les évolutions ou l’amélioration du rendement des entreprises, voilà des thèmes à partir desquels on me demande d’intervenir en transposant mon expérience du sport de haut niveau. Je dois apporter des réponses, des pistes de réflexion et avec pas mal de travail à fournir.

Patron d’entreprise ou simple prestataire ?

Je suis propriétaire de la société Wing Communication qui regroupe l’ensemble de mes activités. Tout passe forcément par cette entité. Je ne me plains pas, ce n’est pas mon style mais j’aime expliquer les choses. Quand vous êtes un ancien joueur et que vous cherchez à travailler, on va avant tout vous proposer des prestations de prestataire de services. Il est difficile de décrocher un contrat dans une entreprise. Ces mêmes entreprises préfèrent faire appel à des prestataires dont elles peuvent se séparer à tout moment plutôt que d’employer des jeunes ou des personnes compétentes. Cela leur évite aussi de payer des charges.
Au-delà de mon cas personnel, car je suis très loin d’être le seul dans ce cas, ceci est un vrai souci en France. Surtout quand il y a une récurrence entre une société vis-à-vis d’un prestataire à qui on ne laisse aucun choix. Ce système qui contourne le système apporte beaucoup de précarité chez beaucoup de gens. On ferait bien de se pencher sur cette question-là.

Les Barbarians

Depuis 2008, je suis manager des Barbarians. Grâce aux Baabaas, il s’agit de ma fenêtre bi-annuelle sur le jeu et le contact à proprement parler. Mais entre ces fenêtres, on suit de façon régulière les joueurs susceptibles d’être appelés. Deux à trois fois par mois, il y a aussi des réunions pour programmer les échéances à venir et régler les affaires courantes. J’ai vraiment beaucoup de chance de pouvoir avoir toutes ces cordes à mon arc.

Avec la casquette de manager des Barbarians lors du dernier match contre l’Australia au stade Chaban-Delmas de Bordeaux en novembre 2016 / Photo : Manuel Blondeau – Icon Sport

 

Du plaisir

Je prends du plaisir à intervenir à la télé ou à la radio, ou commenter. Qu’on soit joueur ou consultant, la notion de plaisir est essentielle ! Elle apporte l’enthousiasme, l’envie de travailler et de s’améliorer, sans oublier la remise en question qui permet d’avancer. Pour être honnête, certains matches procurent plus de plaisir que d’autres.
J’ai aussi conscience de la chance de travailler pour Canal, une chaîne où le sport compte énormément avec certains moyens techniques qui permettent aux consultants d’aller plus loin dans l’explication et l’analyse de ce qui se passe. Cela me fait penser à un joueur pro qui jouerait dans un grand club avec un beau centre de formation et un grand entraîneur.

La vie de famille

J’essaie de m’occuper de mon épouse et de mes trois enfants (Laurie, Margaux et Lisandro) le soir. Je fais en sorte d’être rentré pour 17h chez moi. Le mercredi aussi nous permet de partager davantage car leur rythme scolaire nous offre un peu plus de temps ensemble. Evidemment, le weekend, je ne suis pas souvent à la maison et mon épouse me laisse beaucoup de liberté pour faire ce que j’aime.

Mon image

Je considère que l’on peut dire beaucoup de choses mais qu’on ne peut pas les dire n’importe comment. J’essaie aussi de me souvenir de mes années de joueur. Un joueur sait parfaitement quand il a été bon ou pas. Il n’a pas forcément besoin en suivant qu’un consultant aille le brocarder gratuitement. C’est pour cela que j’essaie d’être dans l’analyse ou l’explication des règles, le tout avec des propos mesurés. On peut dire des choses importantes sans avoir à flinguer. Certains le font à ma place.
Quand on représente en quelque sorte un sport à la télévision, on se doit d’avoir un minimum de sérieux dans ses propos tout en donnant une image d’ensemble positive et ayant une tenue vestimentaire appropriée. Quelque part, nous sommes des sortes d’ambassadeur. Un peu comme en club, j’essaie de défendre avec dignité l’entité qui me fait confiance.


Des envies

Je suis une personne qui aime avoir des perspectives dans la vie. Ainsi, devenir journaliste me plairait. Cela étant, je sais bien que j’ai aujourd’hui un rôle privilégié dans ma situation de consultant. J’ai la chance de commenter les meilleurs matches.
Les choses se feront progressivement et je sais qu’on n’est que de passage. Comme j’ai succédé à Philippe Sella, il y aura un joueur plus en rapport avec l’actualité du moment qui me remplacera. Il faudra alors penser ou avoir pensé à ma reconversion.
En attendant, j’essaie de m’inspirer des gens qui m’entourent.

Eric Bayle

On passe beaucoup de temps ensemble lors de nos déplacements tous les weekends mais aussi l’été lors des tournées du XV de France. Un peu comme de vieux coéquipiers. C’est quelqu’un qui est en place depuis très longtemps. Il est irréprochable en termes de rigueur et de préparation. Depuis vingt ans, il fait son métier avec le même sérieux, la même concentration et la même application depuis ses débuts. Il est très inspirant pour moi. Il pourrait très bien se dire « je connais la musique et je lève un peu le pied ». Mais c’est là où l’on se met en danger. Comme dans le sport, ceux qui parviennent au plus haut niveau et qui durent sont ceux qui travaillent, réfléchissent et font attention aux petits détails.

https://www.youtube.com/watch?v=lYhyNtPHRwQ


Couper

Comme l’on vit en vase clos, il arrive un moment où l’on a besoin d’air. Il nous faut vivre autre chose pour se ressourcer. Couper, profiter de sa famille, de ses amis ou faire autre chose que du rugby toute la journée permet de revenir avec de l’enthousiasme et de l’énergie. C’est crucial pour ce métier qui est exigeant et chronophage.
Quand je rentre chez moi, ayant des enfants qui sont assez jeunes, ils ont besoin de passer du temps avec leur papa. Donc je leur consacre un maximum de temps.
J’essaie de lire beaucoup, hors rugby. Je ne joue plus du tout au rugby, essentiellement pour des questions d’emploi du temps, mais je cours le matin. J’ai la chance d’avoir un club de tennis à côté de chez moi que je fréquente de temps en temps avec des amis. Avec mon épouse, on adore voyager. Dès qu’on a un peu de temps, on essaie d’aller voir nos familles voire de s’évader pour aller voir le monde. Je pense que les enfants qui ont la chance d’avoir une ouverture sur des cultures différentes dans ce monde complexe ont peut-être un petit avantage. J’essaie de leur offrir cette chance que j’ai eue tardivement dans ma carrière. Rien que de vivre trois saisons en Angleterre, ce fut une expérience sportive et humaine incroyable. C’est toujours enrichissant de sortir de sa culture locale et d’aller voir un peu plus loin.

Le Racing, premier et dernier club de Thomas Lombard (ici contre La Rochelle en 2008) / Photo : Dave Winter – Icon Sport


Coach ?

On ne peut jamais dire jamais, mais sincèrement, je ne me vois pas entraîner. J’ai un équilibre dans tout ce que je fais et je ne m’imagine pas dans ce rôle de coach. Peut-être devenir manager car lorsque j’occupe cette fonction avec les Barbarians, je trouve cela très intéressant. Surtout du point de vue de la construction des joueurs.

La condamnation vis-à-vis de Pôle Emploi

Ce n’est pas une peine mais une amende très sévère, voire exagérée. C’est l’amende maximale qui a été requise à mon encontre. J’ai expliqué les choses de bonne foi. Il faut savoir que quand on est joueur de rugby, on est assisté pour bien des choses. Or, quand j’ai dû arrêter ma carrière dans des conditions difficiles (une malformation cardiaque a été diagnostiquée) et que j’ai été à Pôle Emploi signifier ma fin d’activité de rugbyman, je n’étais pas très au fait de ce qu’il fallait cocher ou pas. Il y a eu une erreur de déclaration mais sur le fond, j’étais éligible à une aide pour retour à l’emploi. Il se trouve qu’il y a eu un trop perçu. Quand ce trop perçu a été réclamé, je l’ai remboursé immédiatement au Pôle Emploi. Cela n’a pas empêché une décision dure dernièrement car j’ai toujours fait preuve de bonne foi, ne cherchant pas à justifier quoi que ce soit. Tout au long de ma carrière et aujourd’hui encore, j’ai toujours démontré que je n’étais ni tordu ni vénal. Le procureur a considéré qu’il fallait faire un exemple. C’est pour cela que cette décision m’a un peu meurtri. Mais je ne peux rien changer.

Être connu et reconnu

Notre sport est beaucoup plus médiatisé de nos jours et j’ai la chance d’y participer chaque semaine à la télévision ou à la radio. Plus que d’être connu ou reconnu, je suis très attaché à ce que l’on soit satisfait de ce que je produis ou amène dans mes diverses interventions. Peut-être que dans quelques années, je prendrai le temps de me retourner sur ce que j’ai fait. Mais si mes enfants ont bien réussi dans la vie et sont devenus de belles personnes, alors je verrai si j’ai réussi dans la vie. Evidemment que le bien-être personnel contribue à l’équilibre général mais lorsque l’on décide de se marier et d’avoir des enfants, il y a d’autres enjeux que ses simples réussites et estimes personnelles.

En compagnie d’Aubin Hueber et Mourad Boudjellal en 2014 avant Toulon – Montpellier / Photo : Fred Porcu – Icon Sport
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