Julien est un jeune joueur qui évolue au centre de l’attaque tarbaise. Il a crevé l’écran lors des dernières journées du Pro D2, en participant aux deux dernières victoires du TPR contre Colomiers et Lyon. Il nous a accordé un entretien.
BranchezRugby – Tes débuts dans le rugby
Julien Lastisneres – J’ai débuté à Tarbes le rugby en minimes 2ème année après avoir pratiqué le roller hockey.
Puis j’ai joué en Cadet, Crabos et Espoir avec des tutorats avec Bagnères de Bigorre en Fédérale 1. Je fais partie du centre de formation du club.
BR – La Pro D2, tu viens de réaliser de grosses performances. Le Midol t’a sélectionné dans l’équipe de la semaine pour ton match contre Colomiers
JL – Mon entrée dans le groupe professionnel, c’est aussi un concours de circonstances, en lien avec des blessures de joueurs à mon poste. Cela m’a permis de faire des morceaux de matchs, plusieurs fois 20 minutes, puis d’être titulaire à Biarritz. Contre Colomiers, je rentre à la mi-temps, on a déjà un carton rouge, je joue complètement libéré et j’arrive à traverser à plusieurs reprises. A l’arrivée, oui, je fais une grosse mi-temps et dans la foulée, je suis titularisé contre Lyon qui est déjà assuré de remonter en Top 14 et d’être champion de Pro D2 et on gagne ! Pour le prochain match, à Bayonne, je ne sais pas encore si je serai titulaire, mais je sens bien que l’on me fait confiance aux entraînements.
BR – Cette prise de confiance, comment l’expliques-tu ?
JL – Je pense que je joue l’esprit libéré parce que j’ai pratiquement terminé mes études de kiné, j’aurai mon diplôme fin juin. Je peux tout donner sur le terrain et en plus, contrairement à d’autres joueurs du groupe, je n’ai pas à m’inquiéter pour mon avenir.
BR – Le double cursus rugby / poursuite d’études :
JL – J’ai commencé une prépa kiné en France, mais je n’ai pas eu mon concours. Je suis parti à l’école de Kiné de Saragosse. Là bas, j’ai réussi à faire ma préparation physique individuelle et je jouais aussi dans l’équipe de la fac. Le week end, je rentrais et je jouais avec les espoirs.
BR – Des études privilégiées par rapport au rugby ?
JL – De toujours, j’ai voulu privilégier les études. Ce que je vois autour de moi en ce moment dans le rugby ne fait que me conforter dans mon choix. Je suis dans un club qui connaît des difficultés économiques et qui va descendre en fédérale 1. Cela entraîne une grande incertitude chez les joueurs professionnels, il faut trouver un club, rebondir. Ce que j’ai vu aussi, c’est combien la carrière du joueur est tributaire des blessures. Le joueur évolue souvent dans la précarité, l’avenir est incertain. J’ai voulu en suivant des études, me construire un avenir professionnel beaucoup plus stable dans un métier qui me passionne aussi, en lien avec le sport évidemment.
BR – Ton avenir dans le rugby ?
JL – Je n’ai pas d’agent. Je n’ai jamais songé à en contacter un. Quand je vois des copains qui en ont un et qui n’arrivent pas à voir clair dans un contexte compliqué ! Je n’ai pas de contact à ce jour avec d’autres clubs. Mon avenir, je le vois bien ici à Tarbes, c’est mon club, j’y suis très attaché. J’aimerais jouer en fédérale 1 et participer à la remontée immédiate en Pro D2. L’objectif ce serait aussi de concilier le rugby et une activité professionnelle de Kiné que je pense débuter dès cet été. Pouvoir concilier les deux serait parfait pour moi.
BR – Tu ne penses pas que tes dernières performances ont pu attiser l’intérêt d’autres équipes ?
JL – Je ne sais pas. C’est vrai que j’ai quelques atouts pour moi. Je suis un centre avec des qualités qui sont recherchées, c’est-à-dire perforateur, je suis JIFF, cela peut intéresser. En même temps, je ne suis pas très bien placé pour en parler, parce que je n’ai pas connaissance de ce qui est recherché par tel ou tel club, je ne connais pas assez le marché des joueurs.
BR – Kinésithérapeute, un métier qui te permettra de rester proche du rugby et du milieu sportif ?
JL – C’est quelque chose qui me motive beaucoup. Je crois que le fait d’être un sportif de bon niveau cela aide dans ce métier. Il me semble que cela permet de mieux cerner les besoins et les attentes des sportifs, de mieux les comprendre aussi quand ils sont en galère à cause d’une blessure. Cela devrait être un atout pour moi. J’ai déjà des cabinets qui m’ont contacté.
BR – Tarbes qui va descendre en fédérale 1, alors que l’équipe a largement montré qu’elle avait sa place en Pro D2
JL – C’est quelque chose qui me touche, comme je l’ai dit, Tarbes, c’est mon club de cœur. C’était aussi le dernier représentant de la Bigorre en Pro D2. Des gros clubs historiques comme Lourdes, Bagnères ou Lannemezan sont en fédérale. Je pense aussi que la descente va nuire à l’ensemble de ces clubs, le niveau global risque de baisser.