Dimanche, en milieu d’après-midi, je me rendrai au Stade Jean Bouin pour la rencontre de Champions Cup qui opposera le Stade français au Munster.
Les maillots n’auront pas d’importance, ni le nom des joueurs, pas le moins du monde les consonances de leurs noms, ni même les saints auxquels ils chantent leurs victoires ou psalmodient leurs défaites. J’aurai sur les épaules un drapeau aux couleurs de l’humanité, avec du rose, du blanc, de l’ocre et du rouge vif, un peu de bleu, un peu de vert, un peu de toutes les couleurs du monde.
Assis au milieu de la foule, j’écouterai les chants et j’acclamerai mes héros ordinaires ; je saluerai les pénalités, me lèverai brusquement pour fêter les essais et je serai empli d’une saine fierté à la fin du match, quand je verrai les combattants défaits se relever pour faire honneur aux adversaires. Je serai ému devant la manifestation de ce respect des valeurs de combat et de droiture et j’accompagnerai de mes applaudissements ces hommes de terrain jusqu’au vestiaire.
Plus tard, je contemplerai l’or du soir dans les ciels automnaux de Paris et j’irai boire une bière vers Saint-Sulpice… en terrasse s’il fait bon.
Dimanche, en milieu d’après-midi, je me rendrai au Stade Jean Bouin. Ça aurait pu être à la Salle Richelieu pour « La double inconstance » de Marivaux ou à l’Atelier Charonne pour un moment de Jazz.
Mais j’irai. Pour du théâtre, pour un concert, pour un match de rugby, de tennis ou de foot, j’irai dimanche après-midi…
et je n’aurai pas peur.
On vient d’apprendre à l’instant même que le match contre le munster est reporté… tant pis, si ce n’est pas le stade Jean Bouin, ce sera un autre lieu, une salle, un auditorium ou une terrasse mais en tout cas, j’irai… si ce n’est pas ce dimanche, ce sera le suivant et j’y serai et je n’aurai pas peur !